Petite aventure-surprise

L’histoire en quelques mots :

Nous étions en séjour à zipolite, tranquilles, et voulions faire une petite excursion en allant voir les lagunes, un peu au dessus de Porto Escondido. J’avais vu une photo au mur d’un resto une semaine auparavant et n’avais pas oublié l’image.
Nous suivons une route, puis un chemin qui semble emprunter la bonne direction. Chemin qui au fil des minutes ne semble jamais aboutir à quoi que ce soit, et qui devient de plus en plus « champêtre ». Nous décidons de laisser la voiture pour continuer à pied ; sous un soleil de plomb, sans eau ni nourriture. Les vagues se faisant entendre, nous savons être près de l’océan, et donc d’un potentiel lieu de vie et d’alimentation ; pour ce qui est des lagunes, nous sommes quelque peu désespérés de les trouver, une plage fera l’affaire.
De longues minutes de marche s’écoulent. Nous croisons au milieux des cocotiers : des vaches et des chevaux ; un grand oiseau blanc, blessé, nous fuyant tant bien que mal en agitant ses ailes inefficientes ; Quelques troncs calcinés. Pas une âme humaine. La dernière fut un cycliste au chapeau de paille, croisé lorsque nous étions encore motorisés.
L’océan paraissait n’être plus qu’à quelques dizaines de mètres seulement, quand enfin le chemin trouva sa fin. Ou plutôt nous la trouvâmes éberlués, sous la forme d’une tranquille mais trop profonde rivière. Sous un arbre, un taxi sans chauffeur confirme l’idée que la route est bien terminée, l’hypothèse de l’hallucination ne tient plus ; Il m’apparait comme un compagnon d’infortune, arrivé il y a bien plus longtemps que moi, et bien plus désespéré (ou à sec) que moi. Moment de solitude tout de même… Quand apparait dans le champ jouxtant notre route un jeune cavalier accompagné de chiens, (de chasse probablement). Image improbable au milieu de ce paysage qui déjà m’était relativement peu familier. Il nous indique brièvement mais fort amicalement une pirogue arrivant lentement, et rappelle ses chiens… Les images religieuses ou légendaires se bousculent dans ma tête. Cette rivière, la meute de chiens, ce cavalier juvénile, cette barque approchant dont je ne peux encore distinguer les occupants, cette seule trace de modernité sous la forme de ce véhicule abandonné, … Serais-je aux portes de l’enfer ? Ou du paradis, mon cœur balance… J’ai chaud, Zaùka est déshydratée, je suis encore un peu sonné de ce qui arrive et je ne comprends pas tout, mais je me laisse porter ; qu’est-ce que cet endroit est beau !
Les visages que je découvre finalement fort joviaux dans la pirogue nous emmènent chaleureusement sur l’autre rive, sans échange de grands discours.
Nous entrons à présent dans ce qui apparait être un village. De paille et de bois, sur un sable fin que rafraichissent les ombres des cocotier. Comme dans presque tous les villages, nous sommes accueillis par quelques chiens gardant férocement mais surtout bruyamment leurs territoires. Mais à part leurs aboiements et les vagues qui maintenant semblent chahuter juste derrière la dune, pas un bruit… Nous traversons ce groupe de cahutes timidement, lentement, comme pour ne pas le réveiller.
Passés cette dune, à nos yeux se découvre une immense plage. Aussi vide que le chemin, que le village. Si ce n’est encore une fois la rencontre de personnages surprenants. Trois femmes et des bambins, assis à l’ombre d’un frêle abris de bois. Ma compagne et moi commençants à sérieusement souffrir de la soif et de la faim, je m’empresse d’aller leur demander si nous pouvons rencontrer ici un lieu où nous restaurer. La réponse négative nous laisse encore une fois perplexes et désemparés… Il apparait que le peu de personnes vivant ici sont dans un village plus loin, pour une grande fête ; les gens avec lesquels nous nous trouvons (et qui nous offrent à présent un salvateur verre d’eau fraiche) sont seulement venus sur cette plage faire un pic-nic, en proches touristes habitués du coin, en quelque sorte.
Finalement, sortis d’on ne sait où, arrivent un vieil homme, un autre dame, d’autres enfants ; Une nouvelle fois, après le désarroi de la situation, le sort vient à nous aider : cette dame nous propose de nous préparer des œufs à la Mexicaine, avec des tortillas. Le monsieur va trancher deux noix de coco pour enfiler une paille dans chacune. Nous voilà attablés, le ventre, les papilles, et les cœurs réjouis.
Quelques instants plus tard, tout le monde s’en est allé dans les profondeurs impensables de cet étrange lieu, nous laissant seul-e-s avec une vieille dame. Cette dernière ayant eu pendant quelques minutes une grande énergie dans la conversation, s’endort à présent sur son tricot, comme pour à son tour nous laisser dans le calme, la sérénité du moment. Nous parlons avec Aura de la joie de découvrir une telle hospitalité, le plaisir de se laisser entrainer dans les jeux malicieux du destin.
La suite de la journée fut tout aussi agréables. L’océan étant trop dangereux à cet endroit, on nous conseille plutôt la rivière pour nous rafraichir, celle-la même qui fut notre obstacle une heure auparavant. Nous y trouvons une famille en plein bain convivial, pendant que le grand-père pèche au filet, l’eau jusqu’au nombril. La scène n’est encore une fois pas sans rappeler des peintures et autres références visuelles maintes et maintes fois aperçues au long de ma vie. L’eau dans laquelle nous entrons est pleine de courants chauds et froids, comme autant de serpents (ou autres animaux mythologiques extraordinaires) se glissant entre les jambes ; la peau brûle au soleil et frissonne de tant de sensations. Des petits poissons nous encerclent lorsque nous nous immobilisons plus de deux minutes, deux vautours observent sagement les ablutions humaines du haut de leur arbre. Au creux du paradis, l’enfer ne doit pas être bien loin. L’ancien nous met en garde contre l’idée de traverser à la nage les quatre ou cinq mètres nous séparant de l’autre rive, la présence d’une plante aquatique serait dangereuse ; celle-ci se prend dans les pieds, et à écouter cet avertissement, l’on pourrait presque croire qu’elle attire délibérément le passant dans des abîmes inimaginables pour ne t’en laisser ressortir que le corps sans vie… Mon imagination est plus que débordante ce jour-ci, je l’admets. Et moi qui ait fait traverser Zaùka à la nage au premier passage… Je repense qu’un jour Cha m’a dit qu’on était vraiment pas assez prudent-e-s ici, au Mexique, qu’on devrait faire beaucoup plus attention à ce que l’on dit ou ce que l’on fait. Elle a surement raison… Mais bon c’est tellement plus chouette comme ça !
Bon, c’est pas tout ça, mais il commence à faire froid dans cette eau, il serait temps de songer à un moyen de traverser cette rivière, que j’ai autant envie de caractériser d’idyllique que de maudite.
Et encore une fois, après ce moment de doutes et de flottement, reviennent dans notre parcours ces personnes pique-niquant quelques heures plus tôt sur la plage ; parce que elles, elles sont arrivées on se sait pas comment, et elles vont bien repartir aussi, non ? En gros : « Le beau-frère est parti pêcher en pirogue, c’est lui qui à son retour fera passer tout le monde, et [nous] aussi si nous l’attendons ». Bah tiens, la solution au problème qui nous tombe dessus, ça commence à devenir lassant ^_^
Nous passons donc la fin de la journée à attendre en compagnie de ses adorables personnes. Regarder, écouter, assouvir sa curiosité, sourire, et se sentir tellement bien.
La pirogue arrive, nous remercions, saluons, traversons, marchons sur ce chemin ; je ne me souviens plus si le taxi était encore là. Nous reprenons la voiture où nous l’avions laissée, et retrouvons les routes et la vie qui nous apparait presque « normale » maintenant, alors que nous sommes toujours en vacances sur la côte pacifique à Zipolite…

 

 

 

5 thoughts on “Petite aventure-surprise

  1. Photos magnifiques et récit extraordinaire. Merciii , tu m’as fait voyager une fois de plus.!!

  2. Tu ne savais visiblement pas que j’ai passé quelques temps dans ces lagunes…mêmes questionnements et doutes sur ces routes étranges…mais un vrai paradis comme toujours quand on se laisse guider à l’instinct ! on a juste eu l’idée de garder la voiture un bon moment sentant que les chemins de terre étaient interminables vu le type de marcheurs qu’on pouvait rencontrer ^^ Contente que tu aies pu découvrir une partie de ce territoire « à part » 😉

    • Ah ben non je savais pas… 🙂 ‘Faut me raconter !! 😀
      Par contre, pour ce qui est de se laisser guider à l’instinct, je suis chaque jour un peu plus adepte 😉
      Et pour toi, comment va l’instinct en France ?
      Des bisous ma Cha 🙂

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